Communiqué Even Production. Janvier 2005.

 

 

 

Le Funboard Tour 2004 s’est achevé par une épreuve d’anthologie à Crozon Morgat.
Pourtant, l’équipe qui assurait la gestion et l’organisation sportive du Tour (arbitres, juges…) a décidé de se retirer et de prendre un peu de recul. Cette décision, prise collectivement en novembre dernier et pourtant non officielle jusqu’à la publication de ce communiqué, a été sujette à pas mal de rumeurs plutôt farfelues. L’original étant préférable aux copies, voici nos explications.

Afin de mieux comprendre notre implication, il est nécessaire de débuter par un petit rappel historique. Quand les plus « anciens » d’entre nous ont créé le Funboard Tour en 1991 conjointement à la naissance de la FPBA (devenue depuis AFF puis AFW), leurs objectifs étaient clairs : faire vivre un circuit national Funboard à la rigueur sportive irréprochable et faire la promotion de ce sport et de ses coureurs. Auparavant et durant des années, nous avions dû subir l’emprise de la FFV sur une pratique windsurf à laquelle cette fédération de yachting à voile ne comprenait pas grand chose. Motivés, nous avons initié ce qui allait devenir au fil des ans un circuit de référence dans le petit monde de la planche à voile.
Ne nous satisfaisant pas d’animer le haut niveau, nous avons aussi largement participé au développement du Funboard. Sollicités par le responsable Planche FFV de l’époque (Christian Chardon), nous avons, à partir de 1995 à travers le « Groupe de Pilotage Funboard », impulsé une dynamique sportive à tous les niveaux de pratique :
- généralisation des Fun Kids pour les jeunes à partir d’un concept inventé par les responsables finistériens de l’époque,
- structuration sportive régionale avec la mise en place des Championnats Régionaux Funboard pour revitaliser la pratique sportive de base au plus près des pratiquants,
- mise en place de responsables régionaux Funboard dans chaque Ligue et animation de ce réseau essentiel à un développement cohérent,
- rédaction de règles de course Funboard, structuration et formation d’un corps arbitral spécifique au niveau national et dans les régions,
- initiation, dès 1996, du concept de Formula Windsurfing afin de proposer une alternative moderne de pratique pour la Planche à Voile Olympique,
- création d’un centre de Haut Niveau Funboard sur le site de Gruissan, etc …

Cette collaboration a pris fin en novembre 2000, date à laquelle le président de la FFV nous a évincé prenant prétexte de notre prise de position sans ambiguïté pour le changement de Planche Olympique.
En réalité, nous étions sûrement un peu trop remuants pour les mœurs policées de la fédération. Il a choisi de nous remplacer par des « amis sûrs » dont le principal travail a été de ne pas faire grand chose. Nous en tenons pour preuve l’état actuel de la réalité sportive du Funboard en France comparée avec celle d’il y a quatre ans. On s’aperçoit rapidement que les actuels responsables fédéraux de la planche à voile ne sont strictement pour rien dans les secteurs dynamiques (circuit AFW et promotionnelles « Longue Distance »). Tout le reste de la filière Funboard a été, au mieux laissé en jachère (championnats régionaux…), au pire détruit (centre de Haut Niveau Funboard).

 
 

Mais si nous souhaitons nous retirer de l’organisation du Championnat de France aujourd’hui, c’est surtout parce que nous sommes las de devoir porter sur nos seules épaules les critiques adressées à un circuit qui a pourtant fait preuve de ses qualités. Chaque partie impliquée dans le paysage sportif y a sa part de responsabilités. Petit tour d’horizon :

Côté fabricants et professionnels, un petit nombre nous a toujours soutenus et encouragés. Ils se reconnaîtront et qu’ils soient ici sincèrement remerciés. Mais beaucoup ont, depuis des années, trouvé de bien mauvais prétextes pour ne pas aider le Tour. Il en va de même pour le groupement « FIN, Métiers de la Planche à Voile » qui, malgré la qualité de la plupart des professionnels qui le compose, n’a pas cru bon de devoir soutenir, au nom du collectif, le seul circuit qui fait qu’on aperçoit du windsurf dans les médias. Nous ne pouvons pas rester sans réagir lorsque nous entendons certaines critiques adressées au circuit actuel par des membres de la FIN : déconnecté de la pratique de base, « les participants ne sont pas nos clients », pas adapté pour le grand public…
Nous voudrions simplement rappeler que la fonction d’un Championnat de France n’est pas d’être une épreuve de masse mais une compétition de l’élite, vitrine du sport. C’est sa médiatisation qui va toucher le grand public et nous nous sommes efforcés, à la fois, d’organiser des épreuves rigoureuses sur le plan sportif et de faire connaître notre sport au plus grand nombre à travers une exposition médiatique que beaucoup nous envient. Quant à la fonction épreuve de masse, le créneau est remarquablement occupé par les épreuves de type « Longue Distance » et c’est une excellente chose. Confondre championnat d’élite et épreuves populaires est un non-sens sportif. Par contre, il est indispensable qu’un championnat de haut niveau s’appuie sur une large pratique à la base, organisée et cohérente. Ce serait là le travail d’une fédération qui jouerait réellement son rôle. Il ne faudrait pas se tromper sur les responsabilités.

Côté Fédération Française de Voile, on a affaire à une institution officielle incapable d’organiser un Championnat de France Funboard digne de ce nom qui a pris comme support le Funboard Tour pour y parvenir. Mais, alors que nous faisions le travail qu’elle ne savait (voulait ?) pas faire, la FFV a, depuis plusieurs années, « oublié » de verser la moindre aide financière sans être pour autant avare de critiques à notre encontre. Incapable de faire vivre la structuration sportive du Funboard mise en place depuis 1995, elle cherche à récupérer ce qui fonctionne. Il ne serait pas étonnant qu’elle veuille s’approprier la notoriété du Funboard Tour comme elle l’a déjà fait en essayant de récupérer dans son giron la Formula Windsurfing via la création d’un Championnat de France spécifique qui n’avait aucune justification sportive si ce n’est celle de se placer en « propriétaire » de cette discipline dans la perspective où elle deviendrait olympique. Maintenant qu’elle ne l’est officiellement pas, elle va essayer de refiler le bébé à l’AFW qui pourra la gérer comme bon lui semble (retour du titre de Champion de France sur le circuit AFW en 2006 ?). De la même manière, les disciplines d’Expression (Vagues et Free Style) n’étant sous-tendues par aucun enjeu politique et stratégique, elle laisse le soin (et la charge) à l’association des coureurs de faire le travail à sa place. Quant aux « Longues Distances », très en vogue puisque réunissant un grand nombre de coureurs, il ne serait pas surprenant que notre bonne fédération s’y intéresse de très près pour en faire des épreuves qu’elle ferait semblant de chapeauter. Tous ces pratiquants qui font de la compétition, ça fait joli dans un bilan ! En fait, toutes ces gesticulations politico-stratégiques ne sont là que pour masquer une incapacité à organiser une pratique cohérente et dynamique, de l’Ecole de Sport à l’élite. Quand on n’a pas d’idées, on récupère ce qui est fait par d’autres et on se l’approprie…
Et, cerise sur le gâteau, la FFV vient de publier la traduction des Règles de Course ISAF qui vont devoir également s’appliquer au Funboard. La tendance « Je ne veux voir qu’une tête ! » a encore frappé. Imaginez qu’on puisse faire courir avec un règlement identique des Optimists et une épreuve de Vagues en Funboard. Au début des années 90, le constat de ces incohérences majeures nous avait amené, en même temps qu’une « dissidence » nommée F.PBA (l’histoire se répète…), à concevoir des règles spécifiques, remises à jour chaque année en collaboration avec les coureurs. Malgré quelques imperfections, ces règles fonctionnaient et permettaient d’organiser des épreuves de qualité sur le plan sportif. Ce particularisme devait être intolérable à nos « gouvernants » qui en ont profité pour supprimer les qualifications spécifiques Funboard des arbitres, un véritable bon coup politique censé faire rentrer dans le rang (ou évincer de fait ?) les personnes dérangeantes que nous sommes à leurs yeux.
Ainsi un arbitre habitué des régates de 420 ou de Voile Radio-Commandée va pouvoir, sans plus de formalités, diriger une épreuve de Funboard.
C’est d’ailleurs ce qui s’est déjà produit lors des derniers Championnats de France Funboard Jeunes avec le bonheur que l’on connaît (3 manches validées pour seulement une petite partie des coureurs, plus de 200 gamins qui se déplacent en Corse pour faire une semaine de parking, des décisions au gré des diverses pressions, des coureurs dégoûtés qui partent avant la fin de l’épreuve…). En attendant des éclaircissements que nous avons demandé au Président de la Commission Centrale d’Arbitrage (qui n’a pas daigné nous répondre… pour l’instant ?), nous souhaitons sincèrement bien du courage à nos collègues qui vont devoir appliquer ces « nouvelles » règles et surtout aux coureurs qui vont devoir les subir…
Côté coureurs, nous avons, dès le début de la FPBA, souhaité travailler en étroite collaboration avec le Comité des Coureurs parce que nous sommes convaincus qu’ils doivent avoir une place prépondérante dans l’organisation de leur sport. Cela semble logique puisque nous venons de là et que nous avons été partie prenante de la création de l’association et de son développement. Pourtant, depuis quelques années, la communication s’est faite moins fertile. Le travail en commun, les échanges réguliers… qui avaient cours au début se sont faits moins fréquents. Les coureurs qui ont créé l’association avaient connu les temps difficiles des championnats organisés par la FFV. Nous « militions » ensemble pour mettre en place des compétitions dignes de ce nom. Nous pensions ensemble l’avenir du circuit. Nous nous confrontions ensemble aux archaïsmes fédéraux… Mais le temps a passé, les coureurs qui avaient « fait » cette époque ont pris leur retraite et les compétiteurs actuels n’ont connu, dans leur carrière, que des épreuves gérées sous l’égide de l’association des coureurs. Un certain esprit, basé sur la confiance et la convivialité s’est estompé pour laisser la place à des attitudes plus consuméristes. C’est regrettable mais ce doit certainement être une évolution logique, liée à la « maturité » du circuit ? Dans ces conditions, prendre un peu de recul est devenu nécessaire pour nous, dans un circuit où nous avons toujours souhaité travailler au service des coureurs.

 
  Toutes ces raisons (critiques de la part des différents acteurs de la planche à voile, attitude et actions de la fédération, dégradations des relations avec les coureurs,…) nous ont amené à prendre la décision de nous retirer de l’organisation sportive du circuit Championnat de France.
Bien sûr, dans les années passées, il aurait certainement été plus facile, plus confortable et moins risqué d’organiser des épreuves promotionnelles au gré des conjonctures et des opportunités. Nous n’avons pas choisi cette voie, pensant que la promotion du sport et de ses acteurs passait par des événements aux valeurs sportives indiscutables, seules garantes du respect des coureurs et de leurs performances. Peut-être nous sommes-nous trompés ?
Nous souhaitons bon courage aux responsables de l’AFW pour continuer l’aventure car leur tâche va être difficile. À l’heure où le circuit suscite bien des convoitises, il va leur falloir être extrêmement vigilants, regarder dans le rétroviseur et analyser les discours de chacun à la lumière des actes qu’ils ont pu poser par le passé, au cours de l’histoire récente du Funboard hexagonal (cf. les rappels qui figurent en début de communiqué). Les bonnes intentions ne servent souvent qu’à se refaire une virginité à peu de frais en profitant de l’inexpérience de ses interlocuteurs. Le Tour n’est pas devenu ce qu’il est aujourd’hui avec de beaux discours…
Cette nécessaire « pause » va nous permettre, nous l'espérons, de retrouver les joies du windsurf entre potes ! Nous serons bien entendu des observateurs privilégiés et attentifs du petit monde du windsurf (comment pourrait-il en être autrement !?!) au sein duquel nous avons, malgré des difficultés encore plus présentes au cours de ces dernières années, pris un grand plaisir à travailler. En aucun cas, nous serons des empêcheurs de tourner en rond. Nous souhaitons simplement bon vent aux nouveaux animateurs du windsurf hexagonal.

Au revoir et sûrement à bientôt…

Didier BEAUVAIS ; Philippe BRU ; Michel BUSSE ; Benoît COULON ; Karim GOUJON ; Didier LAFITTE ; Erwan LAFITTE ; Renaud MADIER ; Frédéric MONIN ; Nicolas PAGNIEZ ; Franck ROGUET.
 

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